Les mystères de la migration

Les mystères de la migration

À la Saint-Michel (le 29 septembre)… la bécasse tombe du ciel ! Le 18 octobre (la saint Luc)… C’est le grand truc. Certains dictons sont pour le moins optimistes sinon carrément trompeurs car l’été 2024 a montré que la météo (cause du début de la migration) pouvait être capricieuse.

Si les variations climatiques (les premières boutées de froid) sont les causes « conjoncturelles » du début de la migration, comment expliquer (et comprendre) ce phénomène naturel pour le moins extraordinaire ? Il demande un effort physique considérable, à la limite des capacités des oiseaux et pourtant, chaque année, imperturbablement deux fois l’an, le ciel se couvre de voliers.

C’est en s’appuyant sur les courants issus des anticyclones et des dépressions que les oiseaux migrent du nord au sud (et inversement). L’arrivée des premiers frimâs est un signal fort car le froid est une menace redoutable pour les oiseaux. Ils sont contraints de lutter contre l’hypothermie alors que la nourriture est de plus en plus rare. C’est pourquoi, pour se protéger du froid, les oiseaux doivent brûler les graisses qu’ils ont pu accumuler pendant la bonne saison. Or un oiseau n’a pas une masse corporelle très grande. Il n’a pas de réserve de graisse suffisante pour résister très longtemps à un froid rigoureux. Gardons à l’esprit que les caractéristiques morphologiques et biologiques pour résister au froid sont très particulières. Si nous prenons l’exemple du manchot, nous remarquons d’emblée ses qualités anatomiques : poids élevé, couche de graisse épaisse, bec court, système de circulation de chaleur « à contre-courant ». Autre stratégie de protection : celle des martinets noirs. Pour se réchauffer, ils se regroupent en bloc de quarante à quatre-vingts individus. Notons enfin qu’il semble que les effets du froid sont variables selon l’âge et le sexe. Les oiseaux jeunes et âgés résisteront moins bien au stress physiologique généré par l’abaissement de la température. En revanche, les femelles semblent mieux résister que les mâles. Notons enfin qu’une arrivée brutale du froid est toujours une grande cause de mortalité car elle oblige les oiseaux, qui n’ont pas nécessairement accumulé une quantité suffisante de graisses, à migrer alors qu’ils peuvent avoir à faire face à des vents défavorables. Mais un mystère reste entier : pourquoi les oiseaux ne restent-ils pas dans les contrées où ils hivernent ? Pourquoi remontent-ils vers le nord à chaque printemps ?

Inné, acquis : un comportement qui évolue

Autrefois, il existait un mode de classification simple pour identifier les oiseaux sédentaires des migrateurs. Il consistait à distinguer ceux que l’on continuait de voir pendant l’hiver de ceux qui semblaient avoir quitté la zone d’observation. Aujourd’hui, cette classification n’est plus pertinente. En effet, selon les périodes de l’année, les oiseaux se font plus ou moins remarquer. Les études menées pour mieux comprendre le comportement de la bécasse montrent que celle-ci, réputée migratrice, se limite parfois à des migrations de courte distance voire se sédentarise par endroits. Autre question : est-ce les ramiers migrateurs qui ont une propension à se sédentariser ou, au contraire, les ramiers sédentaires qui migrent par obligation de survie ? Il n’existe aucune réponse définitive à ce jour. Une chose semble sûre… les oiseaux migrateurs poursuivent un objectif élémentaire et vital : survivre ! Les palombes vont au plus simple, au plus facile. Pourquoi chercher au loin ce que l’on a sous les pattes et le bec très facilement ? Certes, les oiseaux réagissent plus ou moins vigoureusement à de nombreux stimuli comme la luminosité ou les conditions climatiques. Mais ils ne vont pas nécessairement chercher au loin ce qui est disponible à proximité. Par exemple : lorsque l’hiver est doux, les conséquences sur les comportements des palombes ne sont pas négligeables. Bien que nos connaissances soient encore bien approximatives, certaines hypothèses comme celle des « migrateurs au long cours » ou celle des migrateurs « moyenne distance » ont pris un coup… dans l’aile ! À l’évidence, elles ne sont pas aussi définitives qu’on aurait pu le croire. A contrario, des espèces réputées sédentaires ont parfois des tendances migratrices à l’intérieur de ce que l’on délimite comme leur aire vitale. Ainsi, on a pu démontrer que des pies et des perdrix grises effectuaient parfois des mouvements de population.

Ceci étant posé, il existe néanmoins ce que l’on pourrait appeler des sociétés de migrateurs. Mais, là encore, on peut observer de grandes variations selon les classes d’âge. Chez certaines espèces de migrateurs, les jeunes effectuent leur premier grand voyage vers les pays chauds et s’y attardent plusieurs années avant de rentrer au lieu de reproduction (la cigogne par exemple). Chez le pigeon ramier, les juvéniles sont pratiquement les seuls à partir, alors qu’il subsiste dans les villes un bon nombre de pigeons. Chez le pinson, les mâles et les femelles ne partent pas ensemble.

 

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