Le bon fusil de sous-bois

Le bon fusil de sous-bois

En sous-bois, nous avons tendance à marcher le dos légèrement voûté et les épaules en avant. À la billebaude, prenez soin de marcher sans trop pencher le torse en avant. En ayant ainsi le dos plus droit, la sensation de « lourdeur » de votre fusil sera bien moindre. Un fusil se porte avec tout le corps ! Vos jambes, vos bras, vos pectoraux et dorsaux…, chacun de vos muscles doit travailler. Tous vos muscles sont utiles en action de chasse et, pour les longs déplacements entre deux parcelles de chasse, n’hésitez pas à porter votre arme à la bretelle.

Chasser en sous-bois est une expression fourre-tout qui recouvre une méthode de chasse sur des biotopes très différents. Chasser au milieu de grandes futaies diffère profondément de journées en forêt de chênes verts de type méditerranéen. En sous-bois, on chasse près des chiens et les gibiers s’envolent dans un petit périmètre. Il est donc préférable d’avoir une arme courte et maniable. Mais, comme la longueur d’une crosse est directement liée à la morphologie du chasseur, il faut prendre le problème par l'autre bout pour raccourcir une arme. C’est donc la longueur des canons que les manufacturiers se sont attachés à rétrécir… en créant d’autres problèmes.

Une arme légère ET bien équilibrée

Canons, bascule, crosse… l’équilibre entre les grandes masses d’un fusil est un critère essentiel. Une arme légère monte rapidement à l’épaule et permet de mieux accélérer sur la trajectoire du gibier. Une arme trop lourde peut devenir difficile à manœuvrer et à pointer rapidement, ce qui peut être un désavantage dans un environnement où les mouvements sont limités par la végétation dense. C’est indiscutable, plus vive, une arme légère est faite pour ces espaces « restreints ». Le résultat est paradoxal. On réussit plus souvent mais… on manque aussi plus facilement ! Pour la plupart des fusils de chasse, la longueur des canons varie de 60 à 76 centimètres. À la chasse, d’un point de vue balistique, il n’est pas très utile d’avoir des tubes dépassant une longueur de 76 cm et, inversement, il n'est pas nécessaire de descendre en dessous de 60 centimètres. Cette variation de plus ou moins quinze centimètres permet de trouver de nombreuses solutions pour avoir une arme bien équilibrée et maniable. Un canon de 66 cm est très maniable, mais une arme équipée d’un canon de 71 cm aura des performances balistiques supérieures pour des tirs un peu plus longs (un pigeon qui tourne avant de se poser). Mais n'oubliez pas qu'un fusil trop « allégé » est désagréable lors du tir de charges conventionnelles de plombs qui tournent autour de 32 g pour un « 12 », 28 g pour un « 20 ». C’est pourquoi, en sous-bois, il ne sert à rien de dépasser 32 g de plombs en calibre 12. L’équilibre d’une arme légère est un point problématique. Il faut s’habituer à avoir en main un véritable « jouet » dont le centre de gravité est situé près de la bascule. Concrètement, un fusil léger est plus instable tout au long du swing ; c’est une cause fréquente d’échec. En effet, lorsque vous épaulez (trop) vite, vous montez brusquement votre crosse à l'épaule et vos canons ont tendance à descendre. Ils « pointent » alors vers le bas et ne sont plus dans la trajectoire du gibier (vers le haut). Monter trop brusquement un fusil à l’épaule c’est l’échec assuré ! Ce n’est donc pas la rapidité mais bien la fluidité du mouvement de montée à l’épaule et de prise de la ligne de visée qui sont les éléments déterminants de la réussite d’un tir en sous-bois.

Canon Paradox & Supra

Le canon lisse rayé a été conçu il y a plus d’un siècle pour améliorer l’efficacité de la gerbe de plomb lors d’un tir à courte distance. Pour mémoire, la gerbe « efficace » représente le noyau de la gerbe. C’est là que la densité et la vitesse des plombs sont les plus fortes ; l’énergie est suffisante pour tuer le gibier sans le blesser. À la périphérie de ce noyau, la vitesse et l’énergie sont moindres. Les gibiers touchés par ces plombs sont seulement blessés. À l’époque, les chasseurs ne disposaient pas de cartouches à croisillons, à disperseurs, de bourres à jupes ni de chokes interchangeables. Trois solutions furent étudiées : des rayures près du tonnerre, sur toute la longueur du canon ou en bout de canon. La première fut imaginée par le général Faure-Biguet (qui a écrit un traité sur les fusils de chasse). La deuxième est le système de canon Paradox (breveté en 1885 par le Colonel Fosbery) et commercialisé par Holland & Holland. Le principe consistait à rayer (rayures hélicoïdales) les derniers cinq centimètres du canon. À la chasse devant soi, les tirs peuvent être rapprochés (bécasse, lapin…). La troisième solution est le canon rayé de Manufrance appelé : Supra (rayé en spirale sur toute la longueur du canon). Pour des tirs à courtes distances, les rayures permettent d'augmenter la dispersion des plombs. Mais cet avantage trouve vite sa limite, une gerbe au large diamètre n'a d'intérêt que si la répartition de la grenaille reste relativement homogène (toutes choses égales par ailleurs).

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